De la question du prix de l'essence

Publié le par Yohan DRIAN

Bonjour à toutes et tous,

Je vais aborder aujourd'hui une question qui préoccupe bon nombre de nos concitoyens, le prix de l'essence à la pompe !

Depuis quelques jours, on assiste à un bourrage de crâne médiatique sur ce sujet après la décision de l'Agence Internationale de l'Energie, de pomper dans les stocks stratégiques, qui devrait permettre une baisse du prix de l'essence de 2 à 3 centimes d'euros par litre.

Plus, encore plus, toujours plus !

A partir du moment de cette annonce, les médias ont menés une campagne, à coup de statistiques et de nombreuses intervention de spécialistes, pour dénoncer une mesure qui sera (personne n'en doute) évidement provisoire. Cette décision à eu pour effet une baisse du prix du baril d’une dizaine de points, mais très rapidement le cours de la matière première a repris son ascension.Alors certes, la baisse du prix sera faible et de courte durée, mais c'est tout de même mieux que rien !

Bien sûr, compte tenu de la baisse du pouvoir d'achat, les français auraient aimé une baisse plus importante. Certes tout le monde se souvient d'un gazole sous la barre de l'euro, quand il est aujourd'hui de 1.30 €, mais une telle baisse est impossible compte tenu de la demande en hausse constante en pétrole, quand les réserves s'épuisent de plus en plus.

A l'état de faire un effort ?

Et voilà que les spécialistes économiques, que les professionnels de défense des consommateurs, nous ressortent la TIPP flottante (supprimée le 1er Juillet 2002), comme meilleur moyen de baisser le coup de l'essence... Les taxes sur l'essence ont rapporté 60 milliards d'euros en 2010, et ont peut raisonnablement penser à une collecte de près de 35 milliards au premier semestre 2011 si l'on tient compte des 29% d'augmentation du prix à la pompe et de la baisse constaté de la consommation en essence.

Hors pour obtenir le 2 à 3 centimes d'euros de baisse à la pompe, la TIPP si elle était réinstaurée, coûterait 1 à 1.5 milliards d'euros à l'état. Est-ce raisonnable quand la dette de la France 1 641 milliards d'euros au premier trimestre 2011 (soit 85,4 % du PIB), selon les chiffres de l'INSEE1? Ceci sans compter sur le le déficit de l'Etat qui devrait être ramené de 152 à moins de 92 milliards d'euros en un an2. Prendre de fait une telle mesure serait donc dangereuse et aggraverait la dette publique.

Et du coté des sociétés pétrolières

http://chiffres.eu/wp-content/uploads/2010/10/penurie-essence-2.jpgCertains vont encore en demander plus aux grandes sociétés de distribution... Prenons pour analyse de cas du géant du secteur : TOTAL.

 Avec un bénéfice de 14 milliards d'euros pour Total en 20093, ramené à 10 milliards en 20104 (soit une baisse de prêt de 40 %), doit-on continuer a en demander plus ? Il faut savoir que l'état est actionnaire à 26% de TOTAL5, en somme, la baisse des bénéfices a déjà coûté à l'état 1,04 milliards d'euros.

En admettant, que l'on demande un effort sur le prix de l'essence à la pompe à TOTAL, qui réalise 8.6 milliards d'euros de résultats en France sur les 14 milliards réalisés en 2009 (ce qui représente 61 % de ses résultats net) et que l'on tient compte des 26% qui reviennent à l'état, il faut comprendre que sur 2 centimes de moins à la pompe, cela coûtera donc 740 millions à TOTAL et 260 millions à l'état Français.

Certes cela aurait un impacte moindre sur le déficit Français, mais pour atteindre une baisse de 30 centimes, si l'on cédait à l'opinion public et médiatique, cela coûterait donc 11,1 milliards à TOTAL et 3,9 milliards à l'état Français. On aurait donc au final un déficit de TOTAL de 2,7 milliards d'euros pour continuer à maintenir son implantation en France...

Autant dire que l'on ouvre la porte à une délocalisation immédiate de la totalité des activités de la société et une fermeture du jour au lendemain de la totalité de ses 4 600 stations services. Personne ne paierait pour pouvoir travailler !

En conclusion

Soyons donc clair, nous assistons à une demande totalement populiste, irréalisable, irresponsable, aussi bien des soit disant experts du secteur que des associations de défense des consommateurs... Car si l'on suivait cet opinion public, largement modelé par un bourrage de crâne des médias qui relaient largement l'information, c'est la totalité des distributeurs d'essence qui seraient menacé, c'est un secteur d'emploi complet qui serait détruit, c'est une hausse immédiate de suppression d'emploi, tout cela pour une baisse du prix de l'essence à la pompe de 30 % pour revenir sous le seuil de l'euro/litre de gazole...

Que ce soit par une baisse des taxes (qui représentent 80% du prix de l'essence) ou par une baisse demandée à TOTAL comme un effort supplémentaire, c'est de toute façon le budget de l'état qui serait touché et la dette du pays qui s'aggraverait... Alors que cette mesure de l'Agence Internationale de l'Energie, de pomper dans les stocks stratégiques ne coûte rien et apporte un bénéfice net pour le consommateur. C'est une mesure qui peut être reprise à tout instant pour maitriser le prix à la pompe, dans la mesure où les stocks stratégiques ne seraient pas fragilisés.

 

1. France : 1.641 milliards de dette publique au 1er trimestre - Les échos - 30.06.2011

2. Le budget 2011 adopté à l'Assemblée - Le Monde - 18.11.2010

3. 14 milliards d'euros de bénéfices pour Total - le Parisien - 12.02.2009

4. Total engrange 10 milliards d'euros de bénéfice net en 2010 - Le Monde - 11.02.2011

5. Présentation du Groupe - http://www.total.com

Publié dans Budget

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